Voici un extrait d’une récente note de la DG Trésor :
L’économie italienne a connu une nette embellie en 2017, portée par la reprise en Europe, mais la croissance italienne demeure sensiblement moindre que celle de la zone euro (+1,5% contre +2,3%). En dépit des nombreuses réformes structurelles lancées depuis la crise de 2012, le rattrapage économique de l’Italie est contraint par la stagnation de sa productivité, tenant à divers faiblesses structurelles. Le poids de l’endettement public (131% du PIB) limite par ailleurs les marges de la politique budgétaire et le secteur bancaire doit poursuivre sa restructuration et son assainissement
1- Encore marquée par les années de crise, l’économie italienne bénéficie toutefois de l’accélération de la croissance européenne
Fortement impactée par la crise financière internationale puis la crise de la zone euro, l’économie italienne a perdu près de 9% de PIB réel entre 2007 et 2014, subissant quatre années de récession au cours de la période (2008-2009 puis 2012-2013).
L’Italie a renoué avec la croissance à partir de 2014 (+0,1% en 2014, +1,0% en 2015, +0,9% en 2016) et bénéficie de la conjoncture favorable que connaît la zone euro. La croissance pour 2017 s’est établie à +1,5%.
Toutefois, le PIB réel reste encore inférieur de 5,5% de son niveau de 2007, l’Italie marquant ainsi un décrochage relatif par rapport à ses grands partenaires européens et à la moyenne de la zone euro ( +6% au-dessus du niveau de 2007).
Malgré les réformes structurelles engagées ces dernières années pour améliorer la productivité et la compétitivité et développer l’activité économique, les perspectives de croissance sont modestes en raison d’une croissance potentielle faible (-0,2% en 2016, +0,3% en 2017 et +2,9% prévu en 2018 selon la Commission européenne).
Le PIB réel est encore inférieur à son niveau potentiel mais cet écart de production, ou output gap, se referme progressivement (-2,4% en 2016, −1,2% en 2017 et -0,1% pour 2018 selon la Commission). Corollaire de cette faible croissance, le niveau de chômage se résorbe lentement et reste élevé (11,2% en avril 2018, le pic ayant été atteint fin 2014 avec 13,0%, en particulier chez les jeunes de moins de 25 ans (33,1%).
La faible croissance potentielle italienne est liée à une stagnation de la productivité du travail par rapport à la moyenne de la zone euro, observée depuis une vingtaine d’années. Cette atonie découle en partie de certaines spécificités structurelles telles que la structure du tissu d’entreprises (TPE et PME à capital et gouvernance familiales), l’adéquation imparfaite de la formation de la population active aux besoins de l’économie, une allocation sous-optimale de la main d’oeuvre et la faiblesse des investissements privés et publics (notamment en R&D et technologies innovantes).
D’autres facteurs contextuels, influant sur le climat des affaires, contraignent la croissance, comme l’attentisme résultant d’une relative instabilité politique, des mécanismes de décision complexes, une économie souterraine qui perdure, de fortes disparités socio-économiques territoriales entre le Nord et le Sud, ou encore la perfectibilité des services publics et de la justice.
Pour y remédier, les gouvernements successifs ont engagé différentes réformes structurelles, en particulier depuis 2012, par exemple dans les domaines de la concurrence sectorielle, de la numérisation de l’économie et des entreprises, du marché du travail (Jobs Act), des banques, de l’administration publique, de l’organisation fiscale et de la lutte contre la fraude, de l’éducation. Leurs effets restent néanmoins encore peu perceptibles dans les résultats macroéconomiques et devraient se faire sentir à plus long terme.
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Source : DG Trésor – Situation économique et financière de l’Italie – publié le 04/06/2018