La croissance de la RD Congo ne parvient pas à se redresser : elle est prévue à 2,8 % en 2017 et 3 % en 2018, après un rythme de 7 et 9 % entre 2010 et 2015. En cause, la baisse des cours de nombreuses matières premières et une demande internationale atone. L’inflation est repartie au galop, à 41,7 % en 2017 et 44 % en 2018.
Sur le premier semestre 2017, le franc congolais (CDF) a perdu 30 % face au dollar (USD), et les réserves en devises ont fondu (3 semaines d’importation à fin juin).
Les entreprises minières estiment à 1,2 milliard (Md) USD, les taxes, notamment la TVA (900 M USD), que l’État ne leur a pas remboursées. D’où la décision du gouvernement, en août 2017, de prolonger la suspension de la perception de la TVA sur les importations des compagnies décrétée en juillet 2016.
Sur les neuf premiers mois de 2017, la production de cuivre, dont le pays est le 1er producteur africain, a augmenté de 9,3 % à 831 000 tonnes (t), celle de cobalt (n° 1 mondial) de 18 % à 59 000 t et celle d’or de 5,7 % à 23 t. Les projets miniers foisonnent avec parfois des à-coups. Le Canadien Ivanhoe Mines veut ainsi réestimer les ressources du projet Kamoa-Kakula Discovery,
l’une des plus grandes mines de cuivre au monde, et restaurer la production à Kipushi (zinc, cuivre, germanium, plomb) avec le gisement de Big Zinc en première phase et la restauration du lien ferroviaire au réseau national à Munama.
Le gouvernement a interdit au Chinois Sicomines d’exporter du cuivre et du cobalt non transformés, cette clause figurant au contrat « minerai contre infrastructures » entre la RDC et la Chine.
Mais les investissements restent soutenus. L’Australien Nzuri Copper développera la mine de cuivre et de cobalt de Kalongwe (53 M USD ; 20 000 t/an de cuivre et 1 500 t/an de cobalt ;
7 ans). Le Canadien First Cobalt a signé un accord avec JayBird Invest (Madini Minerals) pour acquérir 70 % de ses sept prospects de cuivre/cobalt. Alphamin a rassemblé 80 M USD pour
son projet d’étain de Bisié (selon elle « le plus important gisement au monde ») avec une production prévue en 2019.
Dans les télécommunications, le chinois CITCC a achevé en octobre 2017 le raccordement par fibre optique de Kinshasa et Kasumbalesa (3 300 km ; 221 M USD d’investissement). Il s’agit de la 2e étape de raccordement, une 3e devant être lancée pour achever la couverture nationale.
Sur le plan agricole, l’Américain Kuramo Capital a pris une participation de 17,5 M USD dans l’entreprise d’agrobusiness Ferona, notamment dans le palmier à huile. De nouvelles mesures pour accélérer les procédures d’obtention de titres fonciers et réduire les frais sont entrées en vigueur en novembre.
Sur le plan politique, les élections présidentielle et parlementaire prévues en novembre 2016 ont été reportées, attisant la crise politique. L’accord entre le gouvernement et l’opposition du 31 décembre 2016 prévoyait la présidentielle avant fin 2017, Joseph Kabila s’engageant à ne pas se représenter une 3e fois conformément à la Constitution… Mais le 7 avril, un nouveau Premier ministre a été nommé, contrevenant à l’accord. Fin novembre, un nouveau calendrier a été approuvé, notamment par le Conseil de sécurité de l’ONU : la présidentielle est prévue le 23 décembre 2018. La Constitution autorise le président à rester au pouvoir tant que son successeur n’a pas été élu.
Source : Rapport CIAN / Le MOCI, édition 2018