Le Nigeria est sorti de sa première récession en 25 ans. La croissance est certes modeste, à 0,8 %, mais elle devrait accélérer en 2018 à 1,9 %, selon le FMI. Cette reprise est largement impulsée par la production de pétrole, qui est remontée à 2,03 millions de barils / jour (Mb/j) et qui profite d’une accalmie dans les attaques frappant les installations dans le delta du Niger.
Au niveau macroéconomique, le déficit budgétaire se situe à -5 % du PIB en 2017, le solde de la balance commerciale est redevenu positif ainsi que le solde extérieur courant, la dette a progressé mais est relativement faible (21,3 % du PIB). L’inflation reste à un niveau élevé (17 %). La Banque centrale (BCN) a maintenu une politique monétaire restrictive avec un taux directeur au niveau record de 14 %. Un regain de confiance des investisseurs est observable avec un doublement des entrées de capitaux à 4,5 milliards de dollars (Mds USD) au 3e trimestre, et le redressement de la Bourse de Lagos.
Pour relancer l’économie, le gouvernement n’a pas ménagé ses efforts. En mars, un plan de relance et de croissance économique sur 2017-2020 a été engagé avec pour objectif de stimuler l’agriculture et l’industrie en développant les infrastructures. Le budget record de 2018, qui s’élève à 20,6 Mds EUR, en hausse de 16 %, est aussi celui de la relance.
Pour favoriser la diversification de l’économie, l’accès au Pioneer Status Incentives (PSI), dispositif donnant droit à un régime incitatif pour les investisseurs, a été élargi à 27 nouveaux secteurs et produits, comme l’e-commerce ou la transformation du cacao. Le gouvernement s’est aussi attaché à améliorer le climat des affaires. Le Nigeria a gagné 24 places au classement Doing Business 2018 de la Banque mondiale, au 145e rang.
L’agriculture et l’agro-industrie montent en puissance. Les autorités ont lancé l’Initiative présidentielle sur les engrais, la réhabilitation de plusieurs usines de mélange d’engrais par le fonds souverain NSIA, ou encore l’usine géante d’Indoram Eleme Fertilizer and Chemical Lts (IEFCL) à Port Harcourt. Une enveloppe de 140 M USD a été débloquée en faveur des agriculteurs dans le cadre du programme Anchos Borrowers.
Plusieurs investissements privés sont à signaler dans l’agroalimentaire : Olam investit dans les filières volaille et poisson dans l’État de Kaduna (150 M USD) ; Dangote a annoncé 4,6 Mds USD d’investissement, dont 3,8 Mds dans le riz et le sucre ; Wacto Rice a inauguré sa rizerie (120 000 t/an) dans l’État de Kebbi (23,3 M EUR) ; une joint-venture dans le lait a été créée entre le Nigérian Chellarams Plc et l’Allemand DMK Group.
Signalons le démarrage de l’extension du réseau ferroviaire et de sa rénovation qui prévoit la construction d’une voie ferrée reliant Lagos à Kano (1 100 km) et une autre entre Lagos et Calabar pour un investissement de 20 Mds USD financés en grande partie par China Exim Bank. Parallèlement, General Electric avec SinoHydro, Transnet SOC et APM Terminals sont en charge de remettre en état 3 505 km de voie ferrée. Enfin, la première ligne de métro, construite par le chinois CCECC (823 M USD), devait entrer en service à Abuja en décembre.
Dans l’aviation, la nouvelle compagnie Jetwest devait démarrer ses activités en décembre 2017 avec trois Airbus A320. Croulant sous les dettes (840 M USD), la plus importante compagnie sur les vols intérieurs, Arik Air, a été reprise par l’État.
Le président a été absent cinq mois pour raison de santé.
Source : Rapport CIAN / Le MOCI, édition 2018