En dépit d’un climat sécuritaire précaire, la croissance économique du Mali est robuste, impulsée par l’agriculture, les mines et les dépenses publiques. En 2017, elle est attendue à 5,3 %. Au niveau macroéconomique, le déficit budgétaire devrait légèrement baisser à -3,5 % du PIB en 2017, le déficit commercial se creuserait à -5,1 % du PIB et le solde extérieur courant se maintiendrait à -7 % du PIB avec des réserves en devises très faibles (un mois d’importation). La dette publique représente 34,7 % du PIB en 2017.
La campagne agricole 2016/17 a été record. La production céréalière a atteint 8,85 millions de tonnes (Mt) de céréales (riz, maïs, mil), en hausse de 10 % par rapport à 2015/16, dont 1,8 Mt (+19 %) pour la production de riz. Quant à la production de coton, deuxième source de recettes d’exportation après l’or, elle s’est établie à 645 000 t, en hausse de 26 %.
La production d’or au niveau industriel s’est élevée à 46,9 t en 2016, soit au même niveau qu’en 2015. Elle devrait progresser en 2017, et plus encore en 2018, avec l’entrée en production de nouvelles mines. C’est le cas de la mine de Fekola du Canadien B2Gold (350 000 onces par an), qui est entrée en production en octobre, mais aussi celle de Yanfolila, opérée par Hummingbird Ressources (132 000 onces). L’extraction artisanale a été suspendue pendant trois mois cette année afin de restructurer le secteur et de l’évaluer. L’orpaillage a en effet explosé ces dernières années, occupant plus d’un million de personnes sur 350 sites, pour une production qui pourrait atteindre 50 t par an, soit le même niveau que l’or industriel. En 2016, le ministère estime que les exportations se sont élevées à 20 t. Dorénavant, les orpailleurs devront posséder une carte d’identification et vendre leur production dans les bureaux d’achat autorisés par le gouvernement sur les sites miniers.
Au niveau industriel, la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali (Sonatam) a signé en septembre 2017 un accord de partenariat avec le groupe British American Tobacco (BAT) pour la fabrication et la distribution de la marque Dunhill international au Mali avec, à la clé, un investissement de 10 milliards (Mds) F CFA.
Plusieurs projets dans l’énergie sont en cours. La première centrale solaire (33 MW), réalisée en BOOT (Build, own, operate, transfer), est en construction à Ségou tandis que la Banque africaine de développement (BAD) a apporté un financement de 85 M EUR pour la centrale thermique de Kayes (90 MW).
La situation sécuritaire demeure très tendue dans le nord et le centre du pays, en dépit de la présence de la Minusma, de l’opération française Barkhane et, depuis peu, de la force conjointe du G5 Sahel. Le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU estime que la situation sécuritaire et humanitaire s’est détériorée et s’alarme du fait que presqu’aucune avancée n’a été faite dans l’application de l’accord de paix de 2015. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a renoncé en août dernier au référendum de révision de la Constitution, un projet vivement contesté. Les élections communales partielles, locales et régionales, prévues initialement pour le 17 décembre 2016, ont été reportées à avril 2018, soit trois mois avant l’élection présidentielle.
Source : Rapport CIAN / Le MOCI, édition 2018