Le rythme de la croissance en Côte d’Ivoire reste soutenu à 7,6 % en 2017, en dépit de la chute des cours du cacao. Cette dernière a cependant entraîné une cascade de conséquences sur l’économie de la puissance sous-régionale qu’est redevenu le pays.
En premier lieu, les revenus des quelque 800 000 planteurs ont diminué de 36 %, le prix minimum ayant été ramené de 1 100 à 700 F CFA le kilogramme (kg)* pour la campagne
intermédiaire 2016/17, niveau reconduit pour la campagne 2017/18. L’État, pour sa part, a fait face à des pertes de recettes fiscales estimées à 300 milliards (Mds) F CFA, étant contraint de solliciter un nouvel appui du FMI. La crise a aussi révélé le manque de transparence du Conseil café cacao (CCC) et la fragilité de certaines sociétés exportatrices.
Le pays a eu recours, avec succès, à sa troisième émission d’obligations Eurobond en juin 2017 avec plus de 710 Mds F CFA levés pour financer les investissements du budget 2017. Compte tenu des chocs externes, le déficit budgétaire a pu être contenu à -4,5 % du PIB, la dette publique à 48,7 % du PIB. Le solde extérieur courant s’est légèrement dégradé à -2,9 % du PIB.
Les perspectives sont bonnes dans de nombreux secteurs. L’agriculture sera ainsi stimulée par un deuxième Programme d’investissements agricoles (PNIA 2) avec 11,9 Mds F CFA d’investissements sur la période 2018-2025. La récolte de cacao a atteint le niveau record de 2,01 millions de tonnes (Mt), en hausse de 27 %, en 2016/17. La production de noix de cajou s’est maintenue à 700-725 000 t avec un prix très rémunérateur (500 Mds F CFA distribués aux producteurs) tandis que la production de coton, à 328 000 t, n’a pas retrouvé son niveau de 2014/15 (450 000 t). Dekeloil a démarré en juillet 2017 une deuxième unité de production d’huile de palme à Guitry.
La mise en valeur du potentiel minier se confirme. La production de l’or progresse de 6 %, à 25 t, en 2016. Aux quatre mines d’or en activité, dont certaines augmentent leur production comme celle de Tongon, devrait s’ajouter celles de Sissengue (Perseus Mining, réserves estimées à 12,2 t) et d’Afema (Taurus Gold, réserves estimées de 36 t).
Perseus Mining a aussi achevé une étude de faisabilité concluante de la mine de Yaouré (70 t de réserves). Dans le manganèse, l’Indien Taurian a relancé en avril 2017 la mine de Kaniasso, après une suspension de ses activités suite à la chute des cours. De son côté, l’Indien Shiloh Industries a démarré en juin l’exploitation de son gisement dans la région de Korhogo avec l’objectif de produire 120 000 t par an. En outre, la première exploitation de nickel a vu le jour suite à une convention signée avec la Compagnie minière du Baffing, filiale du Grec IC Nickel (investissement 130 Mds F CFA, réserves 60 Mt) ainsi que la première mine de bauxite de l’Ivoirien Lagune Exploitation Bongouanou (investissement 26 mds F CFA).
En revanche, dans le secteur pétrolier, le Tribunal maritime international du droit de la mer a tranché en faveur du Ghana sur le tracé de la frontière maritime où se nichent d’importantes réserves d’hydrocarbures offshores. La production pétrolière sur le 1er semestre 2017 a reculé de 20 %, à 36 000 barils/jour (b/j).
Dans l’énergie, la mise en route du gigantesque barrage de Soubré (275 MW de capacité), qui représente un investissement de 331 Mds F CFA financé à hauteur de 72 % par China Exim Bank, modifie le mix énergétique : la part de l’hydraulique grimpe de 31 % à 41 %. Dans les infrastructures, le lancement des travaux du futur métro d’Abidjan (investissement (1,4 Md EUR), financé et construit par les Français, s’inscrit pleinement dans le développement durable de la ville. Le Club Abidjan Ville Durable, qui rassemble plus d’une trentaine d’entreprises françaises, a été officiellement lancé en février 2017.
Dans les services, l’Etat a cédé au public les 10 % qu’il détenait dans la NSIA Banque : celle-ci a lancé une offre publique de vente (OPV) à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) pour un peu plus de 4 millions d’actions (34,5 Mds F CFA) en juillet. Signalons aussi l’ouverture à Abidjan d’un second centre commercial « PlaYce Palmeraie » par CFAO Retail associé à Carrefour et d’un bureau de la grande école de commerce HEC.
Source : Rapport CIAN / Le Moci, édition 2018