La croissance du Bénin rebondit à 5,4 % en 2017, portée par les performances agricoles, les investissements publics mais aussi la sortie progressive de la récession du Nigeria, le grand voisin qui est aussi le principal partenaire commercial du Bénin. Le déficit budgétaire, en diminution, reste élevé (-5,9 % du PIB) tandis que le déficit des comptes courants s’est aggravé pour atteindre -8,7 % du PIB et que les réserves s’amoindrissent à moins d’un mois d’importation. Pour faire face aux besoins de financement de la balance des paiements (-6,6 % du PIB) et maintenir la viabilité de sa dette (53,4 % du PIB), un nouveau programme de trois ans a été conclu en février avec le FMI, assorti d’un prêt de 150 millions dollars (M USD).
Pour 2018, le gouvernement veut accélérer la mise en œuvre de son programme d’action du gouvernement (PAG) avec un Projet d’investissement public (PIP) d’un montant de 470 milliards F CFA composé de 227 projets à mettre en œuvre. Le PIP sera financé à hauteur de 52 % sur ressources internes.
La campagne agricole 2016/17 a été bonne avec une hausse de 10 % de la production céréalière (1,8 millions de tonnes/ Mt), de 14 % pour les racines et tubercules (7 Mt) et de 15 % pour les cultures maraîchères (730 000 t). Mais c’est surtout le coton, premier produit d’exportation, qui a dynamisé l’activité : la production a atteint un record de 450 000 t en 2016/17.
La situation énergétique du Bénin, qui ne produit que 15 % de son électricité actuellement, devrait s’améliorer avec le deuxième Millenium challenge account (MCA II, financé par le Fonds américain du même nom). D’un montant de 403 M USD sur 5 ans, il est axé sur le développement de l’énergie électrique via des réformes institutionnelles et des investissements dans la production (+ 45 MW) et la distribution, ainsi que l’électrification hors-réseau. Un accord a été conclu avec le consortium d’entreprises danoises BWSC/MAN pour construire une centrale thermique de 120 MW (106 Mds F CFA) à Maria-Gleta, première étape d’un complexe de 480 MW.
Un appel d’offres a été lancé en mai 2017 pour le recrutement d’un mandataire pour la gestion du port autonome de Cotonou. Une décision qui a été vivement contestée par les syndicats, qui dénoncent une privatisation déguisée du port. La bataille juridique entre le groupe Bolloré et l’homme d’affaires Samuel Dossou, du groupe Pétrolin, sur la construction de la ligne de chemin de fer entre Cotonou et Niamey s’est terminée en faveur de ce dernier. La question de l’avancée de ce projet, bloquée depuis 2013, reste entière.
Les travaux du nouvel aéroport de Cotonou, confiés au Chinois Aviation Industry Corporation of China (AVIC) et financés par un prêt de 946 M USD d’Exim Bank China, ont été lancés pour une livraison fin 2020.
Sur le plan politique, le projet de révision de la Constitution de 1990, qui devait introduire un mandat présidentiel unique de 6 ans mais aussi le financement public des partis politiques, a été recalé en avril 2017 par l’Assemblée nationale.
Les réformes économiques et institutionnelles, et l’orientation très libérale du président en exercice suscitent un mécontentement croissant dans la population, qui manifeste, tandis que
les grèves se multiplient dans les secteurs de la justice et de la santé.
Source : Rapport CIAN / Le Moci, édition 2018